Commençons notre tour d’horizon des résultats obtenus sur des animaux de laboratoire et sur l’homme par quelques aspects généraux.
Tout d’abord, voici le résultat le plus spectaculaire rapporté dans la littérature scientifique : des rats soumis à une privation de nourriture un jour sur deux depuis leur jeunesse jusqu’à leur mort vivent deux fois plus longtemps que leurs congénères nourris jusqu’à satiété ! Mais si ce type de régime n’est commencé qu’à l’âge adulte, leur durée de vie se voit tout de même augmentée de 30 à 40 %. Ajoutons à cela qu’à un âge avancé, ces rats jeûneurs présentent des fonctions cognitives et sensori-motrices mieux préservées.
Autrement dit, le jeûne intermittent ralentit le vieillissement de l’organisme de manière générale, en allongeant la durée de vie, mais il ralentit aussi plus particulièrement le vieillissement du cerveau. D’ailleurs, chez les rats jeûneurs, les évolutions de certaines hormones corticostéroïdes et de leurs récepteurs laissent supposer une augmentation de la plasticité cérébrale et de la résistance des neurones. On observe aussi une augmentation de la production d’hormones telles que la BDNF (Brain-Derived Neurotrophic Factor), ce qui doit théoriquement entraîner une amélioration du fonctionnement, de la genèse et de la résistance des mitochondries que l’on trouve dans les neurones, les mitochondries étant des éléments primordiaux pour la survie et l’activité de n’importe quelle cellule.
Ensuite, notons que les rats soumis à une privation de nourriture un jour sur deux présentent presque systématiquement un poids plus faible que leurs congénères nourris jusqu’à satiété, avec une diminution allant de 5 à 30 % selon les races. Ceci s’explique principalement par la réduction de la masse grasse entourant les viscères, sans réduction majeure de la masse musculaire. Notons que cette augmentation du rapport entre la masse musculaire et la masse grasse semble supérieure à celle qu’engendre une simple restriction calorique. Dans les recherches menées chez l’homme, l’adaptation de ce modèle de jeûne appliquée aux rongeurs consiste le plus souvent en une restriction calorique de 70 % un jour sur deux, plutôt qu’en une privation totale de nourriture. L’utilisation de cette formule par plusieurs groupes de chercheurs a permis de rapporter, selon les études, une diminution du poids de corps de 3 à 7 %, une diminution de la masse grasse de 3 à 7kg, une diminution du taux de cholestérol de 10 à 21 % et une diminution du taux de triglycérides sanguin de 14 à 42 %. Toutefois il manque généralement dans ces travaux le fameux troisième groupe expérimental évoqué dans l’article précédent (cliquez ici), ce qui ne permet pas de distinguer les effets du jeûne des effets de la seule restriction calorique sur ces paramètres biologiques.
Les quelques études ayant tenté la comparaison n’ont rapporté aucune différence significative entre les deux interventions, sauf une seule qui a montré une diminution de la masse grasse plus importante avec le jeûne intermittent. Un potentiel effet supérieur du jeûne par rapport à la restriction calorique sur la diminution de la masse grasse reste donc encore à clarifier. Dans la gestion du surpoids ou de l’obésité, il est très important de rappeler que ce qui cause le plus de difficulté aux personnes concernées n’est pas le perte de poids en soit, mais bien le maintien de cette perte au cours des mois et des années qui suivent. Pour illustration, seulement 20 à 50 % des personnes parviennent à conserver au moins 10 % de la perte de poids initiale un an après le début d’un régime amaigrissant pourtant correctement élaboré et encadré. Cela s’explique tout simplement parce que le maintien d’un régime hypocalorique sur le long terme est très difficile. Or, le jeûne intermittent pourrait s’avérer une alternative plus aisée et plus supportable, d’autant plus que l’on n’observe généralement pas de compensation par une surconsommation de nourriture les jours non-jeûnés.
C’est ainsi qu’une étude récente a montré une diminution du poids et de la masse grasse équivalente entre jeûne intermittent et restriction calorique à la suite des deux mois au cours desquels les participants étaient supervisés, mais des diminutions plus importantes chez les jeûneurs à la suite des six mois suivants au cours desquels les participants étaient livrés à eux-mêmes. En bref, même si l’on démontre scientifiquement que les effets du jeûne intermittent sur le poids et la masse grasse ne dépassent pas ceux de la restriction calorique, il n’empêche que cette méthode pourrait être un meilleur outil thérapeutique à long terme pour gérer l’immense problème de surpoids et d’obésité qui touche nos sociétés modernes. Notons enfin qu’aujourd’hui encore, nous possédons très peu de résultats précis sur des modèles de jeûne intermittent plus accessibles et plus spontanés tels que le respect d’une seule journée de jeûne hebdomadaire.
Continuons maintenant plus rapidement sur d’autres aspects généraux. On observe que le contrôle glycémique est amélioré chez les rats jeûnant un jour sur deux. Ceux-ci présentent des taux de glucose et d’insuline sanguins plus faibles que leurs congénères, et cet effet paraît supérieur à ce que l’on observe chez les rats soumis à une simple restriction calorique. Notons que ces diminutions des taux de glucose et d’insuline ont aussi été observées aussi chez des hommes jeûneurs. Elles s’expliquent par une augmentation de la sensibilité à l’insuline, autrement dit par une augmentation de son efficacité à faire diminuer la glycémie en poussant les organes tels que les muscles à pomper le glucose en excédent dans la circulation sanguine. Au niveau cardio-vasculaire, on remarque que les transformations induites par le jeûne intermittent se rapprochent de certaines modifications observées à la suite d’un entraînement en endurance : une diminution de la pression artérielle, une diminution de la fréquence cardiaque de repos, une augmentation de la variabilité cardiaque. Notons rapidement enfin que les rats mâles (et non les femelles) voient leur taux de testostérone augmenter.
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je suis agé de 59 ans, pratique le jeune intermittent (16h par jour et un jeune plus long de 36h/semaine) depuis 2 ans, j’ai perdu 25 kg, me suis débarassé d’une forte apné du sommeil, ai supprimé les médicaments hypertension , la tension est redevenue normale. J’ai églement supprimé la viande totalement de mon alimentaton, seul du poisson 2 fois par semaine, le reste du temps légumes du jardin en été, et secs en hivers+ 1 sortie pizza par semaine. Ma prise de sang n’a jamais été aussi bonne depuis 30 ans, franchement, c’est très facile a gérer, on peut faire des excès à condition de compenser dans la semaine . Je suis ravi de ma nouvelle vie. Comme dit confucius, on a 2 vies, la seconde commence quand on se rend compte qu’il n’y en a qu’une!!
Merci Michel pour ce retour d’expérience !:) Venez donc à l’un de nos stages qui allient jeûne doux, activités de bien-être et cours de cuisine végétale, de quoi booster votre créativité en cuisine !!! A bientôt peut-être !