Qui n’a jamais eu du mal à lutter pour ne pas reprendre un cône glacé à peine le premier terminé? Qui ouvre un paquet de biscuits, a envie de le terminer entièrement ? Qui ne se sent pas rassasié une fois son jambon-beurre englouti?
Est-ce de la gourmandise ou une dépendance vis-à-vis de la nourriture ?
Cette nourriture facilement disponible et industriellement transformée a subi moult opérations : raffinage, cuisson à haute température, ajout d’additifs, traitement de longue conservation. Ces aliments «morts » et «dénaturés» ne contiennent plus ou quasiment plus d’éléments subtils dont notre corps a besoin pour fonctionner de manière efficiente. Cette nourriture rend le corps paresseux car il n’a plus aucun effort à fournir pour dégrader la nourriture et la rendre assimilable par l’organisme. C’est pourtant ce processus qui lui permet de gagner en énergie.
Pis, les sucres (sous forme de sucres et/ou de céréales raffinées) contenus dans ces aliments passent très rapidement dans le sang et provoquent des pics de glycémie. Ces derniers entraînent une sensation immédiate de bien-être, de très courte durée malheureusement. Le seul moyen de retrouver cette sensation étant de manger à nouveau cet aliment sucré !
Pourtant un taux de sucre stable est essentiel au bon fonctionnement du cerveau et du système nerveux central : les hausses et les baisses brutales de glycémie créent un état de dépendance alimentaire. Même si vous ne mangez pas de produits sucrés, sachez que presque tous les plats proposés par l’industrie alimentaire (de la pizza surgelée aux carottes râpées sous vide…) ont été supplémentés en sucres diverses et variés lors de leurs transformations.
Mais les sucres ne sont pas les seules sources de dépendance des produits industriellement transformés. Les additifs alimentaires et autres exhausteurs de goût perturbent notre système nerveux par les messages paradoxaux qu’ils lui envoient. La nature des interactions produite par la multiplication des additifs et autres exhausteurs de goût dans les produits de l’industrie agro-alimentaire est d’ailleurs très incertaine. Nombre de scientifiques alertent l’opinion sur les méfaits probables de la consommation de tels produits pour l’être humain et sur l’environnement (reportage Arte : « Poudres et potions de l’industrie alimentaire » https://www.youtube.com/watch?v=zOn-8tnQJpM)
La nature des aliments que nous avons l’habitude d’ingurgiter dans nos sociétés occidentales jouerait-elle un rôle dans le développement de certaines maladies mentales?
On peut en effet se poser la question, même s’il n’est pas question d’écarter un vrai travail psychologique sur les causes profondes de ces pathologies. Le concept d’addiction à l’alimentation est apparu depuis quelques années et une équipe de chercheurs américains a construit la Yale Food Addiction Scale -YFAS- (L’échelle d’addiction alimentaire) en se basant sur les critères DSM-IV d’addiction (critères d’évaluation pour les drogues). Les patients ayant des résultats élevés au questionnaire YFAS présentaient une moindre estime d’eux-mêmes, plus d’affects négatifs, des niveaux de dépression supérieurs et une dérégulation émotionnelle plus importante. De plus, un score YFAS élevé serait associé à une fréquence supérieure de prise alimentaire allant du grignotage à des pathologies lourdes telles que la boulimie.
Il y a pourtant des solutions à la portée de tous :
- achetons et prenons le temps de préparer des aliments complets, biologiques et produits, le plus possible, par de petits producteurs locaux;
- développons nos goûts pour des aliments plus complexes: épices, amertume, etc.
Choisir de consommer végétal et vivant est facile : c’est un choix simplement. Il nécessite des apprentissages qui se font pas à pas en modifiant progressivement et en douceur ses habitudes…
Un conseil pour y parvenir : s’autoriser quelques incartades parfois car c’est bien connu, ce qui est interdit est toujours plus tentant!
Marie DE OLIVEIRA