3ème partie : Impact de la restriction protéique sur le vieillissement des êtres humains
Quelques essais cliniques ou études épidémiologiques ont tenté d’évaluer les potentiels bénéfices de la restriction protéique chez l’homme. Le suivi de plus de 85 000 femmes pendant 26 ans et de plus de 44 000 hommes pendant 20 ans a notamment permis d’observer qu’une alimentation riche en graisses, en protéines d’origine animale, et pauvre en glucides, était associée à une plus forte mortalité. Ce type d’alimentation pourrait donc bien avoir des effets délétères sur la santé humaine et ainsi conduire à une mort prématurée. A l’inverse, une alimentation basée sur des végétaux était associée à un plus faible risque de mortalité, notamment par maladie cardiovasculaire.
Confirmant ces résultats, une autre analyse portant sur les données recueillies auprès des hommes a révélée que le groupe consommant le plus de protéines végétales avait moins de risques d’accidents cardio-vasculaires que le groupe en consommant le moins. Et qu’à l’inverse, le groupe consommant le plus de protéines animales avait plus de risques que le groupe en consommant le moins. Dans la même idée, une autre analyse portant sur les données recueillies auprès des femmes a montré qu’une consommation importante de viandes rouges et de graisses était associée à un nombre important de maladies cardio-vasculaires, alors que ces atteintes étaient peu représentées chez les personnes consommant beaucoup de légumineuses et de fruits à coque.
Enfin, une étude suédoise portant sur plus de 43 000 femmes a également montré qu’une augmentation de 5g de la consommation quotidienne de protéines conduisait à une augmentation de 5 % des maladies cardio-vasculaires. Mais cette étude a également rapporté quelque chose de plus inhabituelle : une diminution de 20g de la consommation quotidienne de glucides conduisait à des effets similaires. En y regardant de plus près, les chercheurs ont alors compris que, plutôt que d’augmenter ou de diminuer leurs consommations de protéines et de glucides de manière indépendante, les participantes avaient plutôt tendance à remplacer les uns aux autres.
Tous ces éléments apparaissent en parfaite cohérence avec les résultats d’une étude prospective très célèbre sur le lien entre alimentation et santé cardio-vasculaire. Dans cet essai clinique, 28 patients présentant une obstruction plus ou moins importante de certaines artères coronaires ont accepté de suivre un régime végétalien faible en graisses, associé à de l’exercice physique modéré régulier et des ateliers de gestion du stress. Bien que le régime alimentaire n’imposait pas de restriction calorique, il était néanmoins très restrictif puisqu’il excluait tout produit d’origine animale, la caféine, limitait l’apport de graisses à 10 % des calories totales en provenance essentiellement de céréales, de légumes, de fruits, de légumineuses et de soja, et limitait la consommation de sucres ajoutés à 12g par jour. Après 1 an de suivi, 82 % de ces patients présentaient une réduction significative de l’obstruction de leurs artères, alors que les patients du groupe contrôle, n’ayant logiquement opéré aucun changement d’alimentation, voyaient leur état continuer de se dégrader.
Pour terminer, notons toutefois que certaines études ne montrent pas d’effets positifs d’un apport très faible en protéines chez les personnes de plus de 65 ans, certaines données suggéreraient même des effets négatifs ; mais cette question épineuse reste actuellement en suspens. Il se pourrait qu’il faille explorer d’autres hypothèses, telles que la dichotomie protéines végétales/protéines animales, pour mieux appréhender ces résultats apparemment contradictoires.
En conclusion, il faut donc retenir que consommation de protéines, croissance (au sens physiologique) et vieillissement de l’organisme sont profondément reliés. Il apparaît alors clairement qu’une consommation quotidienne importante de protéines, particulièrement d’origine animale, induit un vieillissement prématuré du corps et augmente donc le risque de développer de nombreuses maladies telles que le cancer, les maladies cardio-vasculaires, le diabète ou la maladie d’Alzheimer. Ainsi, pour optimiser notre santé et notre longévité, il devrait être recommandé de limiter grandement notre consommation de protéines, mais particulièrement celles d’origine animale.
Sources principales : 1–3
1. Mirzaei, H., Raynes, R. & Longo, V. D. The conserved role of protein restriction in aging and disease. Curr. Opin. Clin. Nutr. Metab. Care 19, 74–79 (2016).
2. Mirzaei, H., Di Biase, S. & Longo, V. D. Dietary Interventions, Cardiovascular Aging, and Disease: Animal Models and Human Studies. Circ. Res. 118, 1612–1625 (2016).
3. Ornish, D. et al. Can lifestyle changes reverse coronary heart disease? The Lifestyle Heart Trial. Lancet Lond. Engl. 336, 129–133 (1990).