Le rapport Campbell tente de synthétiser les résultats du projet de recherche (appelé souvent The China Study). C’est l’étude la plus complète et la plus longue jamais menée en matière de santé et de nutrition. Elle a été conduite en partenariat avec l’Université d’Oxford, l’Université de Cornell et l’Académie chinoise de médecine préventive, pendant près de 40 ans.
Principe n°1 : Le tout l’emportera toujours sur la somme des parties
A chaque repas, nous introduisons un « package » de nutriments dans notre corps. Dès que nous avalons une bouchée, les substances chimiques qui la composent se lient entre elles, interagissent entre elles et avec notre corps d’une manière unique et très précise. Par conséquent, penser notre alimentation en fonction d’un nutriment précis (protéines, glucides, lipides…) ou d’une substance chimique particulière (vitamine C, fer…) est une approche bien trop simpliste. L’ingestion d’un aliment entier aura quasi systématiquement un effet très différent sur notre organisme que l’ingestion d’une recombinaison de l’ensemble d’éléments le constituant.
Principe n°2 : Les compléments alimentaires ne sont pas la solution
La nutrition est un système biochimique infiniment complexe. Ainsi, prendre des vitamines sous forme de comprimés isolés, avec une alimentation qui n’est pas nutritive et saine, n’aura que très peu ou pas d’effet du tout.
En d’autres termes, les compléments alimentaires ne sont pas des composés individuels, coupés du reste, faisant leur petite vie tous seuls, ils font partie d’un tout. Et si leur utilisation raisonnée peut permettre de pallier certaines carences à court terme, ils ne remplaceront jamais une alimentation saine et équilibrée. Mais surtout, si leur utilisation ne répond pas un réel besoin (révélé par un bilan sanguin par exemple), ils peuvent avoir des effets délétères qui sont bien trop souvent sous-estimés, voire totalement ignorés.
Principe n°3 : Il n’existe pratiquement aucun aliment végétal qui ne fournisse pas les mêmes nutriments, mais en mieux, que ceux fournis par les aliments d’origine animale
Le tableau ci-dessous (extrait du Rapport Campbell) présente une comparaison en matière de nutriments pour deux groupes d’aliments donnés à parts égales (500 calories). D’un côté, un groupe d’aliments d’origine animale (du bœuf, du porc, du poulet et du lait entier) et de l’autre, un groupe d’aliments d’origine végétale (tomates, épinards, haricots, petits pois et pommes de terre).
Nutriment | Aliments d’origine végétale | Aliments d’origine animale |
Cholestérol (mg) | 0 | 137 |
Matières grasses (lipides) (g) | 4 | 36 |
Protéines (g) | 33 | 34 |
Bêtacarotène (µg) | 29 919 | 17 |
Fibres alimentaires (g) | 31 | 0 |
Vitamine C (mg) | 293 | 4 |
Folate (µg) | 1168 | 19 |
Vitamine E (mg_ATE) | 11 | 0,5 |
Fer (mg) | 20 | 2 |
Magnésium (mg) | 548 | 51 |
Calcium (mg) | 545 | 252 |
Les aliments d’origine végétale renferment bien plus de vitamines, de fibres et de minéraux que les aliments d’origine animale. Seule exception en faveur des aliments d’origine animale : la vitamine B12, que l’on ne retrouve en quantité significative que dans très peu d’aliments d’origine végétale (les algues nori et les champignons shiitaki par exemple).
Principe n°4 : C’est l’alimentation qui active, ou pas, nos gènes et les maladies qu’ils entraînent
Certains de nos gènes sont muets, à l’état « biochimique latent » et n’ont pas ou peu d’incidence sur notre santé. C’est notre environnement qui peut les « réveiller » et surtout, notre alimentation.
Par exemple, certains gènes impliqués dans le cancer sont fortement affectés par notre consommation de protéines. Ainsi, plus on consomme des protéines animales (viande, produits laitiers, œufs…), plus on risque, à long terme, de développer certains cancer. En revanche, augmenter sa consommation de protéines végétales (lentilles, pois chiches…) ne semble pas avoir d’incidence sur la croissance des cancers.
Principe n°5 : L’alimentation peut contrôler voir même inverser la maladie
Une maladie chronique comme le cancer prend de nombreuses années pour se développer. Le cancer passe par plusieurs phases : l’initiation (première phase du développement) puis la phase de promotion (deuxième phase). Dans la deuxième phase, le cancer peut être bloqué ou accéléré par l’alimentation, notamment en réduisant ou en augmentant sa consommation de protéines animales. En d’autres termes, un cancer déjà initié, peut être ralenti, arrêté ou même inversé par l’alimentation.
Même certaines maladies auto-immunes (celles où le corps se retourne contre lui-même), réputées irréversibles, comme la sclérose en plaques ou la polyarthrite chronique, se sont avérées être ralenties ou atténuées par des modifications importantes de l’alimentation.
Principe n°6 : Une bonne alimentation génère la santé partout (mentale comme physique) car tout est interconnecté
Les chercheurs ont constaté que les rats nourris avec des aliments à faible teneur en protéines animales avaient deux fois moins de cholestérol, plus d’énergie et faisaient spontanément deux fois plus d’exercice physique que les rats nourris avec des aliments riches en protéines animales.
Ainsi, l’activité physique est facilitée et accentuée par l’alimentation générant les bienfaits mentaux qu’on lui connaît : bonne humeur, meilleure concentration, confiance en soi. Enfin, en mangeant ce qui est positif pour notre santé, nous contribuons également à la santé de la planète. Les aliments d’origine végétale demandent en effet moins d’eau, moins de terres, moins de ressources et génèrent beaucoup moins de pollutions pour notre planète.
En conclusion, le rapport Campbell préconise une alimentation très majoritairement végétale, basée sur la consommation d’aliments entiers ou complets, c’est-à-dire de produits qui n’ont pas, ou très peu, été transformés par l’industrie agro-alimentaire. Il préconise en parallèle de limiter drastiquement les limiter drastiquement les produits d’origine animale. Rappelons néanmoins que les personnes végétaliennes strictes devront se supplémenter en vitamine B12.
Marie DE OLIVEIRA et Killian BOUILLARD
* Pour en savoir plus : L’enquête Campbell, T. Colin Campbell, Thomas M Campbell (Ariane Editions)